J’ai eu du mal à me mettre dedans, mais finalement on entre vite dans le Jeu de la dame, et le personnage de Beth Harmon devient rapidement hypnotisant.
Petite mise en contexte : cette série Netflix dépeint une joueuse d’échecs très talentueuse qui doit se battre contre ses propres démons pour réussir, et le tout dans un décor des années 60. Personnellement je suis fan !
Mais je me suis surtout attardée sur les liens que Beth Harmon tisse avec les autres tout au long de ses péripéties, et en particulier avec les hommes. Son passé d’orpheline perdue semble régulièrement la rattraper, mais c’est ce qui fait aussi sa force.
Passons au crible le lien complexe de Beth à l’Amour dans le Jeu de la dame. C’est parti !
Des parents incapables de sécuriser l’orpheline
Bon on peut dire qu’elle n’a pas un environnement familial idéal pour réussir, la petite Beth. Sa mère dépressive incapable de s’occuper d’elle et refusant l’aide du père en vient à se suicider dans un accident de voiture, avec la petite à l’arrière tant qu’on y est.
Ce traumatisme va la poursuivre tout au long de sa jeunesse, car Beth devient accro aux tranquillisants puis à l’alcool, comme si ces drogues lui étaient indispensables pour survivre et réussir. Comme si elle était obligée de suivre le destin de ses deux mamans.
Car elle obtient une seconde chance d’avoir une vie « normale » quand elle se fait adopter par Alma et Allston. Mais on comprend vite qu’elle a en fait été choisie pour remplacer un fantôme, un enfant décédé dont elle hérite la chambre rose bonbon.
Et là, on n’est pas forcément mieux en termes de sécurité financière et affective. Alma, bien qu’elle semble développer un amour certain pour Beth, est aux abonnés absents dans les moments cruciaux pour Beth. En effet, elle meurt d’une overdose pendant son match déterminant contre le maitre Borgov.
Quand au père adoptif, Allston, c’est la pourriture incarnée. Je ne sais pas vous, mais ce personnage me révulse tellement il est dénué de toute émotion et d’empathie. Et ça, elle lui fait bien comprendre quand elle lui rachète la maison. Et nous on se dit « Pourvu que le karma fasse son travail ! »
Le Jeu de la dame : l’histoire d’une jeune fille insociable
Une fois partie de l’orphelinat, elle est bien seule la petite Beth. Rejetée et moquée par ses semblables (ah la fameuse période du lycée sans pitié où soit tu es « in », soit tu es « out »), elle peine à se faire une place dans la société.
Elle ne semble pas comprendre les codes des jeunes des années 60 : tubes musicaux et fringues tendance ne font pas partie de ses préoccupations. Tout ce qui semble l’intéresser a un lien avec les échecs : une passion pas vraiment commune pour une future ménagère.
Beth et Harry : il est sa sécurité
Beth déstabilise totalement Harry. C’est clairement elle qui porte la culotte ! Elle l’invite à venir vivre chez elle et semble prendre les décisions au sein de leur partenariat d’entraînement.
Mais Harry se rend vite compte qu’il ne peut pas rendre Beth heureuse, car lui aspire à une vie « normale », modeste. La passion sans limite de Beth pour les échecs, il ne la comprend pas. Et le fait qu’elle soit prête à tout pour réussir, non plus. Il s’inquiète clairement pour elle, et essaie régulièrement de la raisonner, de la sauver, en vain.
Il est comme un petit ange gardien qui la surveille de loin.
Beth et Benny : une amitié +++
Benny est clairement un concurrent pour Beth, et au début il lui fait peur. Mais finalement il l’attire car ils vibrent de la même passion pour les échecs (ce qu’elle finit par lui reprocher d’ailleurs, alors qu’ils viennent de faire l’amour et qu’il lui parle de stratégie : « c’est vraiment ce à quoi tu penses, là maintenant ?! »).
Au départ, il met quand même des barrières entre eux, sûrement pour ne pas mêler amour et travail. Quand elle touche ses cheveux avec envie alors qu’il vient de l’inviter chez lui à New York, il l’envoie paître immédiatement : « et en ce qui concerne le sexe : n’y pense même pas ».
Pourtant il finit par changer d’avis. En même temps, comment ne pas tomber sous le charme de l’hypnotisante Beth ? 😊
Beth et Townes : un amour ambigu
Beth et Townes, ce n’est pas très clair. Elle semble être vraiment troublée par lui la première fois qu’elle le rencontre, lors de son premier tournoi. Lui aussi semble avoir un profond attachement pour elle, qui sera toujours là quand ils se reverront à deux occasions plus tard, lors de matchs décisifs.
Peut-être que Townes est gay (on voit bien qu’elle est surprise et déçue quand le colloc de Townes arrive en slip dans sa chambre d’hôtel…) ; on ne le saura jamais. Mais cela n’altère en rien leur relation, de plus en plus profonde et attendrissante au fur et à mesure des épisodes.
Le Jeu de la dame : Beth est toujours bien entourée
On pourrait penser que Beth est toujours seule, car toutes les personnes avec lesquelles elle tisse des liens s’éloignent, ou disparaissent. Elle perd de vue sa protectrice et amie Jolene quand elle quitte l’orphelinat. Quant à sa deuxième maman, qu’elle semblait avoir appris à aimer très fort, elle meurt soudainement, laissant un grand vide dans sa vie, en plus d’une grande maison à retaper.
Et puis elle ne crée pas de relation durable avec les hommes.
Mais on se rend compte que Beth n’est jamais seule. Les personnes qui ont marqué sa vie l’ont toujours suivie et soutenue de loin. Par exemple, Monsieur Shaibel n’hésite pas à lui envoyer de l’argent pour financer son premier tournoi, et collectionne les articles parlant de la jeune prodige pendant des années.
Son amie Jolene vient la sauver de la dépression alors qu’elle n’avait pas entendu parler d’elle depuis des années : Quand elles se retrouvent, c’est comme si elles ne s’étaient jamais quittées. Elle lui prête même l’argent nécessaire à son voyage en Russie.
Et surtout cette scène de fin très émouvante où tous ses anciens partenaires de jeu et amis créent un groupe entre eux pour l’aider à réussir son dernier match, à distance. Ils passent des heures à imaginer toutes les possibilités de jeu pour l’aider à gagner le championnat.
Alors, sa réussite, on peut dire qu’elle la doit aussi à toutes ses rencontres. C’est une réussite de groupe, d’amour.
Un amour universel représenté dans le Jeu de la dame
Le Jeu de la dame nous prouve qu’on peut réussir malgré son passé douloureux, malgré ses casseroles. La série nous montre qu’on peut toujours s’en sortir, notamment grâce au soutien et à l’amour des autres. Et à la passion, la gnaque.
Le Jeu de la Dame met en lumière de multiples manières d’aimer et de soutenir l’autre.
Beth n’a pas de tabou et sait baisser ses barrières au nom de l’amour. Elle peut aimer peu importe la nationalité, le rang social ou le sexe de l’autre.
Finalement on peut dire que Beth représente l’amour universel, via les échecs, notamment dans la scène de fin où elle va jouer une partie avec un homme russe dans une rue de Moscou, portant un manteau luxueux, en plein climat sexiste et de Guerre Froide.
Et vous, que vous a inspiré la série Le Jeu de la Dame ? 😊
Marie, votre Love Mentor
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D une presence magnetique rare, Anya Taylor-Joy illumine l ecran a la moindre de ses apparitions, personnifiant, episode apres episode, les luttes et les espoirs de la jeune surdouee Beth Harmon, avec une prestance absolument unique.
C’est un très beau résumé 🙂